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Les colonnes Rostrales de Bordeaux

Sur la place des Quinconces face à la Garonne


 

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Deux colonnes de 21 mètres de hauteur pour accueillir les marins

Au pied des colonnes rostrales, coté Garonne on trouve les quais réaménagés avec la ligne de tram conduisant aux bassins à flot, la prairie des Quinconces et le long des berges la promenade imaginée par l'architecte Michel Corajoud. Côté ville, les colonnes sont donc situées sur la place des Quinconces. Ainsi de façon régulière les colonnes rostrales ont leur sommet qui cohabite avec les plus hauts manèges de la foire aux plaisirs. Au printemps et à l'automne elles se dessinent en toile de fond pour les chineurs de la foire à la brocante. Elles font également régulièrement face aux cirques qui de façon régulière viennent installer leurs chapiteaux sur la place.

 

 

Coté Garonne, c'est au fond de la boucle dessinée par le fleuve qu'équipages et passagers des bateaux entrant au port découvrent les colonnes rostrales. Aucun doute possible, c'est bien à eux que sont destinées ces 2 imposantes colonnes érigées sur le quai Louis XVIII. Pour s'en convaincre il suffit de constater que les 2 statues qui les surplombent tournent le dos à la ville pour faire face à la Garonne et à son port. Si les colonnes rostrales sont visibles de loin coté quais, on peut dire qu'elles forment l'entrée principale de la place des Quinconces sur sa façade Garonne. Au loin les 2 pylônes du pont levant Chaban Delmas semblent vouloir donner la réplique aux 2 colonnes.

 

Colonnes rostrales et pont Chaban Delmas

Pourquoi « rostrales » et pourquoi ces colonnes ?

Les colonnes rostrales étaient souvent érigées pour fêter une victoire maritime. Ainsi, il semblerait que la première colonne dite « rostrale » ait été dressée à Rome pour célébrer la victoire du Consul Caius Duilius sur la flotte de Carthage lors de la bataille de Mylae. On retrouvait alors sur les colonnes érigées « le bec » ou « l’éperon du navire vaincu ». C’est avec cet éperon alors appelé « rostre » que l’on trouve l’origine de l’appellation de colonne « rostrale » Par extension l'expression est utilisée pour désigner la proue des navires.

 

 

Hautes de 21 mètres, elles ont été érigées à Bordeaux en 1828

Les 2 colonnes rostrales après leur rénovation | photo Bernard TocheportC'est l'architecte Alexandre Poitevin qui a fait ériger en 1828 ces colonnes hautes de 21 mètres dans un style « Néoclassique ». En observant de plus près les 2 colonnes, on remarque qu'elles sont ornées de façon symétrique par plusieurs symboles. Au dessus des rostres formés de deux faisceaux de trois glaives, on voit une ancre rappelant la navigation, un peu plus haut le caducée attribut de Mercure / Hermès et enfin une étoile dont on sait qu'elle guidait le marin.

 

Ces ornements seraient l'œuvre de Bonino, un décorateur (ornemaniste) d'origine Italienne. La colonne se termine par un petit espace abrité (édicule) avec un chemin de ronde protégé par une balustrade en fer forgé, l'ensemble étant couvert par une coupole.

Deux statues pour le Commerce et la Navigation

Enfin, au sommet de chaque colonne on trouve 2 statues en fonte qui de façon allégorique représentent le commerce et la navigation. Un panneau apposé pendant les travaux lors de leur rénovation en 2015 précisait qu'elles évoquent des phares avec leurs lanternons.  

 

 

Concernant ces représentations symboliques, il s'agit de Mercure (Hermès) et d'Artémis (Diane). Ces 2 statues sont en fait des copies. Les originaux réalisés par le sculpteur Maggesi étaient à l'époque en terre cuite. On sait que les originaux auraient été utilisés comme modèles pour les statues actuelles.

 

 

Quelques interrogations, contradictions, et / ou précisions

Statues sculptées par Monsau, fondues par la "Maison Boyreau"

Concernant les statues, dans de nombreux ouvrages ont peu lire qu'elles ont été sculptées alors qu'il s'agit de statues en bronze qui donc auraient plus logiquement été fondues. Même au moment de leur classement, la délibération du 19 juillet 2010 du Conseil Municipal de la Ville de Bordeaux indique "Les statues allégoriques du commerce et de la navigation qui couronnent ces colonnes sont l'œuvre du sculpteur Monsau".

 

A l'été 2015, alors que la statue de la navigation se trouvait exposée dans la cour du Palais Rohan, une précision était apportée sur un panneau informatif : Les statues sont "l'œuvre du peintre et statuaire Monsau". Elles ont remplacé les statues en terre cuite en 1935 par des "moulages en bronze œuvres de Charles-Louis Malric et fondus par la maison Boyreau"

 

 

L'ornemaniste Bonino aussi méconnu que le sculpteur Monsau

Le nom de l'ornemaniste Bonino qui est régulièrement cité comme l'auteur des symboles en relief sur les colonnes semble n'être rattaché qu'à cette seule réalisation. Ce n'est sans doute pas le cas, mais l'histoire ne semble pas avoir retenu d'autres œuvres de cet artiste d'origine italienne. Et lorsqu'il est cité même l'initiale de son prénom varie d'une publication à une autre. 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mercure (Hermès) une évidence, logique moins évidente pour Diane (Artémis) 

Concernant les statues, Mercure (Hermès) étant le dieu du commerce, on comprend qu'il ait été choisi ici en allégorie pour représenter le commerce. D'autant que le caducée qui est son attribut figure sur les colonnes.

 

Le choix de Diane (Artémis) déesse de la chasse est moins évident pour symboliser la navigation. On ne retrouve d'ailleurs pas ses attributs sur la colonne. Une intéressante précision qui n'apporte cependant pas une véritable réponse était indiquée au moment de son exposition dans la cour du palais Rohan à l'été 2015 : "la Navigation (figure féminine tenant une rame identifiée comme une Artémis)".

Mythologie Grecque ou Romaine : Artémis ou Diane, Mercure ou Hermès ?

Selon la source des documents que l'on consulte, et selon les époques, le nom des 2 statues érigées au sommet des colonnes rostrales varient. Il y a quelques années Hermès et Diane étaient cités, puis Mercure semble s'être imposé à tous. Au moment de la restauration des 2 statues , la tendance dominante dans les ouvrages et les médias consistait à citer les noms d'Artémis et de Mercure. Pourtant, si l'on voulait rester cohérent, en citant le nom des 2 statues il faudrait au minimum associer Diane à Mercure ou bien Artémis à Hermès. En effet, Artémis appartient à la mythologie Grecque tandis que Mercure se réfère à la mythologie Romaine.

 

Qu'est ce qui pourrait bien justifier que l'on choisisse en symbole une mythologie différente pour chacune des 2 statues ? Au cours de mes recherches pour réaliser cet article, je n'ai trouvé nulle part la réponse à cette question. 

Des colonnes rostrales ailleurs ... et d'autres rostres à Bordeaux

Bordeaux n’est pas la seule ville à disposer de colonne rostrale. On peut aussi citer à titre d’exemple celle de Saint Petersburg qui, hormis le fait qu’elle est de couleur rose, présente de nombreuses similitudes tant dans les symboles que dans la disposition avec celles de la place des Quinconces. Dans un autre registre, la place de la Concorde à Paris est également pourvue de colonnes rostrales avec ses célèbres lampadaires ayant pour support des proues de navire.

 

 

Avec un peu de curiosité on peut trouver des « rostres » ailleurs que sur des colonnes. A bordeaux se trouve un exemple qui n'est d'ailleurs pas très éloigné des colonnes rostrales. Il suffit de marcher un peu en longeant les quais. A l’entrée du cours Xavier Arnozan se trouve l'Hôtel Fenwick et l'on peut constater que sa façade en belle pierre blonde est ornée de 2 rostres finement sculptées. 

Colonnes rostrales au rythme des animations de la place des Quinconces

Les foires, mais aussi des évènements exceptionnels 

 

 

Les cirques, Evento, le centenaire de l'aviation ...

Chaque année les plus grands cirques plantent leur chapiteau sur la place des Quinconces. Les colonnes rostrales se fondent alors avec les mats, les camions ou les décors de noms aussi prestigieux que Pinder, Arlette Gruss ou Amar. Parfois ce sont des évènements tout à fait exceptionnels qui se déroulent au pied des colonnes. Ainsi en 2010 pouvait on y voir des avions réunis dans le cadre du centenaire de l'aviation.

 

 

L'un des évènements les plus marquants aura tout de même été durant plusieurs mois la cohabitation avec la passerelle en bois "Foot Path" imaginée par le Japonais Tadashi Kawamata à l'occasion du festival de la culture Evento. 

Restauration statue des colonnes rostrales | photo Bernard TocheportDes colonnes restaurées en 2015

Avant restauration plateforme des colonnes rostrales | 33-bordeaux.comSi aujourd'hui les 2 colonnes rostrales offrent au regard du promeneur une belle pierre blonde et des statues impeccables, c'est parce qu'elles ont fait l'objet d'un important travail de restauration en 2014 et 2015.

 

Avant leur rénovation les colonnes étaient bien grises, les statues ternes, et les coupoles fragilisées par d'inquiétantes fissures. Le niveau de corrosion de la tige de fixation de la statue de la navigation était également si important qu'il devenait urgent d'intervenir.

 

 

Statue du commerce au sommet de la colonne Sud

 

La grisaille disparue et la blondeur de la pierre retrouvée

La restauration des colonnes et des deux statues, sous le contrôle de la DRAC, a représenté un cout de 765 000 Euros financés par la Ville de Bordeaux avec le soutien de l'Etat, et du Conseil Régional d'Aquitaine. 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ancienne carte postales Colonnes Rostrales en 1905Page spéciale sur la période de restauration

Pour les Internautes qui s'intéressent au colonnes rostrales, une page spéciale est consultable avec les photos qui ont été réalisées au moment de la restauration des colonnes et des statues.

 

Colonnes avec échafaudages mais sans les statues, la statue du commerce revenue seule, celle de la navigation en cours de rénovation dans les ateliers de la société SOCRA, la même statue dans la cour de la mairie de Bordeaux ... > > > Voir la page spéciale restauration des colonnes rostrales

Cartes postales : vision d'hier

Ancienne carte postales Colonnes Rostrales en 1905

Ancienne carte postales Colonnes Rostrales en 1915Sur ces deux cartes postales de 1905 et 1915 on peut voir que si les colonnes rostrales sont restées identiques, l'environnement a lui bien changé.

 

Tramway n'ayant rien à voir avec le Citadis, transport de barriques et chevaux sur la vue de gauche alors que pour la vue de droite femmes à ombrelles et hommes en chapeau signent l'époque.

 

[ Document Cartes Postales - collection personnelle ]

 

 

 

 

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